Préhistoire
Les pierres sculptées de Mas Gaillard
Un centre d'exploitation du silex
A l'époque néolithique, Collorgues est en effet un centre important d'exploitation du silex. On y fabrique de façon quasi industrielle des outils de pierres taillées : haches polies, lames, perçoirs, grattoirs, pointes de flèches ou de javelots, comme en témoigne l'abondance des vestiges retrouvés sur place. C'est précisément dans ces lieux, sur la butte de Mont Gaillard, que l'on découvrira les fameuses pierres sculptées.
Dans un livre publié en 1994, "L'arrondissement d'Uzès avant l'histoire", où il note que "la commune de Collorgues est, après celle d'Aiguèze, la plus riche et la plus intéressante de l'arrondissement dans le domaine de la préhistoire", le docteur Paul Raymond revient , avec humour, sur la découverte des sépultures et des statues menhirs de Collorgues.
Une cavité remplie de squelettes...
"Au mois de février 1879, écrit-il, M. Teste, propriétaire du champ, entreprit de dégager une longue et lourde pierre que sa charrue heurtait à tout moment. Cette pierre était couchée ; comme elle était bien équarrie, on la transporta à la ferme dans le but d'en faire une marche d'escalier, sans y attacher à ce moment aucune importance ... Au dessous d'elle, M. Teste trouva une dalle de 2 mètres de côté qu'il brisa. Une cavité remplie de squelettes apparut alors à ses yeux (...) Ce ne fut qu'en 1886 que l'on reconnut sur la pierre de 1 mètre 75, en grès oligocène, les traits qui frappèrent l'archéologue et géologue nîmois Lombard Dumas. Il en fit faire un moulage, l'adressa au musée de Saint Germain, et l'on sait combien il eut de peine à faire accepter son opinion, quant à la représentation humaine qu'il avait si bien su reconnaitre à la pierre de Collorgues. La justesse de son appréciation fut, dans la suite, pleinement démontrée. (...)
Statue-menhir n° 1. Grès oligocène, néolithique final, collection du Muséum de Nîmes. Textes d'après André D'Anna, 1977
Statue-menhir N°1
Posée à plat sur la dalle de couverture, cette stèle sculptée d'environ 2 mètres de hauteur devait être plantée dans le sol et dressée en plein air. Elle possède deux faces planes dont une décorée en léger relief.
. On distingue plusieurs caractères anthropomorphes sur la face décorée : les sourcils, les yeux et le nez (formant le "T" facial), les seins et les bras encadrant le visage et, au dessus des bras, peut être un collier. Sous les avant- bras, on reconnait, à l'horizontal, une hache emmanchée
. Des chercheurs ont même découvert, à la faveur d'une lumière rasante, une pendeloque à double spirale inédite gravée entre les seins et le collier
Statue-menhir n°2.Grès oligocène, néolithique final, entre -3200 et -2400 avant notre ère. Collection du Musée de Nîmes
Statue-menhir N° 2
A l'origine, cette statue-menhir servait de linteau à l'entrée de la chambre sépulcrale. La stèle devait, elle ausi, être plantée dans le sol et dressée en plein air, comme en témoigne la surface brute de sa base. Les épaules et la tête sont bien dégagées. Sur la tranche on peut observer des traces de bouchardage laissées par les outils en pierre du sculpteur. La face est décorée en léger bas relief. Le sommet n'est pas entier mais on observe plusieurs caractères anthropomorphes se rapportant au visage, comme les sourcils, le nez et l'oeil gauche (formant le "T" facial). Sous ce visage schématique est disposée une crosse ou une hache en position oblique. Les seins sont à peine perceptible. Plus bas, les bras se rejoignent avec les doigts schématiquement figurés par plusieurs traits gravés horizontalement
Carrières, cryptes, sépultures...
Les hypogées
Les hypogées de Collorgues par C. Hugues, E. Drouot et S. Garrimond (Bulletin de la Société préhistorique française. Études et travaux en PDF)
Le premier hypogée (dit hypogée Teste 1), exhumé en 1879, est un puits d'accès à des galeries d'exploitation de silex qui fut ensuite réemployé en sépulture collective. Outre les deux statues menhirs, il a livré six squelettes et plusieurs poignards en silex. Par la suite, plusieurs autres réseaux de galeries furent découverts, en particulier l'hypogée de Teste 2, mis à jour en 1888, dans le champ de Louis Teste, au quartier de Mas-Gaillard.. En 1957, des infiltrations de terre dans une fissure mirent les archéologues sur la voie d'un nouvel hypogée au milieu d'un champ contigu à celui de la famille Teste Les trouvailles faites à l'occasion de ces fouilles sont exposées dans plusieurs musées de la région, notamment le musée de Lodève ou le musée archéologique de Nîmes où est également visible une maquette de Teste 1. Les hypogées, quant à eux, après avoir servi aux exploits souterrains des enfants du village, sont perdus dans la végétation et peu accessibles.